Formation Mobiliser et Intervenir dans l’espace public.
Interview de Christian Durand, médiateur socioculturel de l’association Horizon Habitat Jeunes.
Christian, pouvez-vous nous en dire plus sur cette formation ?
La formation « Mobilier et Intervenir dans l’espace public » a été mise en place par l’URHAJ Nouvelle-Aquitaine et la SCOP d’éducation populaire L’engrenage. Elle a eu lieu au mois de mai à La Rochelle. Celle-ci a pour but de permettre aux professionnel.le.s de mettre en place des animations dédiée à l’espace public.
J’ai personnellement été surpris que cette formation soit proposée par l’URHAJ Nouvelle-Aquitaine et intrigué par le contenu qui a été présenté. Cependant, quand on y regarde de plus près, on se rend compte qu’elle est totalement en accord avec notre travail quotidien. Nous agissons en faveur de la jeunesse et nous sommes amené.e.s à travailler avec les 16-30 ans en dehors de nos résidences en favorisant leur émancipation et leur appréhension de l’espace public.
Qu’est-ce qui vous a marqué dans cette formation ?
Au quotidien, nous travaillons avec un public particulier. Ce qui m’a marqué, c’est la facilité qu’on peut avoir à mettre en place ce type d’animation avec nos jeunes. C’est pour eux l’occasion de prendre place dans cet espace public pour s’exprimer et échanger librement sur des sujets de société avec des inconnus d’horizons différents et de tout âge.
Pourrais-tu nous en dire plus sur son déroulé ?
Nous avons eu trois jours de formation. Le premier était dédié à la théorie et aux échanges, les deux derniers à la pratique.
La formation était principalement réservée aux professionnels du réseau Habitat Jeunes. Cependant, certains acteurs locaux y ont participé, dont une animatrice locale qui travaille pour la ville de La Rochelle et des professionnel.le.s d’une agence locale de médiation et de prévention, qui intervient principalement sur l’espace public. Échanger avec ces professionnel.le.s que nous connaissons, mais que nous côtoyons peu, nous a permis de partager différentes pratiques et outils de travail.
Avant de pouvoir aller pratiquer sur le terrain, nos formateurs nous ont fait travailler sur les mécanismes relationnels (Comment s’exprimer dans l’espace public ? Comment interpeler les gens ? Comment permettre aux jeunes de libérer la parole ? etc.). Les ateliers nous ont permis d’appréhender de nouveaux outils et d’ouvrir le champ des possibles sur notre approche de l’espace public.
Au-delà de la partie théorique et des échanges verbaux, nous sommes allés expérimenter ces nouvelles pratiques dans des rues passantes. Nous avons dans un premier temps investi l’espace public d’un quartier proche d’un centre commercial. Nous y avons installé deux bureaux des souvenirs. Le premier était dédié à des souvenirs heureux et le second, étant orienté vers des attentes différentes. Les personnes qui venaient faire leurs courses étaient interpellées par cette installation et venaient facilement échanger avec nous. Pour le second atelier pratique, nous avons investi un spot touristique, qui est celui du port avec un sujet plus sensible : « la retraite ». À l’aide de pancartes, nous avons invité les passants à partager leurs avis, leurs ressentis autour de ce sujet. Tous les mots ont été retranscrits sur des panneaux que le public pouvait continuer à alimenter
J’ai beaucoup apprécié ces exercices. Plus les panneaux étaient remplis de mots, plus le public s’arrêtait, plus il participait. Au delà de l’objectif d’échange, un lien social s’est vraiment créé. Même les enfants ont participé alors que le sujet de la retraite est encore très éloigné de leurs préoccupations. Les gens ont pris beaucoup de plaisir à réaliser cette action avec nous. C’était très instructif !
Avez-vous pu appliquer cette formation à votre association habitat jeunes ?
La samedi 14 octobre, à l’occasion des Semaines d’Information sur la Santé Mentale (SISM), en partenariat avec la Ville de La Rochelle, nous avons mis en place une action avec nos jeunes sur l’espace public. Nous avons eu l’idée de dresser un mur mobile de 10m par 2,4m, avec l’aide d’un graffeur professionnel pour co-animer ce temps. Nous avons mobilisé dix jeunes, issus de nos trois résidences rochelaises, qui étaient pour certains, directement concerné par cette question de santé mentale.
Les jeunes ont investi l’espace public du Vieux-Port. L’objectif était d’interpeller les passants par le biais de panneaux « Et toi, ça va ? » et de la production en temps réel d’une fresque à deux facettes (une face « ça va mal », une face « ça va bien »). En tant que médiateurs, nous jouons un rôle de facilitateurs sur ce type d’animation; le but étant d’amener le public à échanger avec nos jeunes. Une fois que l’animation est sur une bonne lancée, les jeunes interpellent eux-mêmes les passant. Bien sûr, nous restons très présents pour soutenir les jeunes dans leur démarche.
Les jeunes sont ressortis grandis de cette expérience et ont vraiment apprécié ce moment. Ils ont pu partager, échanger avec des inconnus sur des sujets qui les impactent directement. Ils ont pu s’exprimer par la parole, mais aussi par l’art. Des centaines de personnes sont venues témoigner de leur intérêt pour la santé mentale et ont pu, eux aussi, s’exprimer sur les panneaux.
« Je l’ignorais avant de l’avoir fait, mais cette formation est une ouverture sur le monde. »
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