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TÉMOIGNAGE – FORMATION TRAVAILLER EN CONTEXTE INTERCULTUREL

« Une formation qui a un impact sur ma vision du quotidien, tant dans ma vie professionnelle, que dans ma vie personnelle. »

Chloé a participé à la formation « Travailler en contexte interculturel » co-animée par l’URHAJ Nouvelle-Aquitaine et Jonas Roisin. Sensibiliser à l’interculturalité, aux personnes qui ont connu un parcours migratoire et comment accompagner ses groupes qui ont des différences culturelles et un passé parfois marqué.

peux-tu nous dire ce qui t’a marqué dans cette formation ?

Le formateur Jonas Roisin a été très pédagogue et très intéressant dans sa manière d’aborder ce sujet. Ce qui m’a vraiment marquée, c’est la déculpabilisation des professionnelles par rapport à ce public, son accompagnement par rapport à des représentations, des craintes ou des peurs. Nous nous sommes souvent posé la question pour les MNA (Mineurs Non Accompagnés) sur le fait de rendre obligatoire les ateliers d’animations de citoyenneté, de gestion de budget, de recherche de logement pour travailler leur autonomie. On en a beaucoup débattu en équipe et c’est vrai qu’il semble pertinent de systématiser les ateliers essentiels au développement du jeune.

J’ai été particulièrement intéressé par les différences entre les modèles de famille Horizontal et Vertical.
Le modèle Horizontal peut-être représenté par les Occidentaux avec souvent une co-parentalité, une démocratie et une forme d’individualisme. Contrairement au modèle Vertical qui est plus autoritaire, avec une parentalité qui provient essentiellement du côté de la mère et un pouvoir de hiérarchie dans la famille. Ça m’a permis de mieux comprendre la construction d’une culture.
Jonas Roisin a également pris l’exemple de L’iceberg. La partie émergée représente ce qu’on voit tous au quotidien, ce dont on est conscient sur notre propre culture. La partie immergée représente la plus grosse partie de notre culture. C’est elle qui a un impact sur notre pensée et notre vision du monde. Savoir ça m’a permis de me sensibiliser aux confrontations que provoquent ces différences.
Je me pose souvent la question « Comment peut-on avoir parfois des perceptions si différentes ? » Je me rends compte aujourd’hui que ça part de très loin. On est porteur de nos origines, de toutes les injonctions de notre société, de notre famille, de notre culture, ça nous définit et ça explique certains comportements de jeunes MNA ou ex MNA issue de famille verticale qui veulent renforcer leur identité.
Le maintien de leurs cultures ou codes ont une telle valeur pour eux qu’ils peuvent parfois faire perdurer des choses qui n’existent déjà plus au pays sans même en avoir conscience.

J’ai également apprécié le rapport à la relation d’aide.
Certaines personnes peuvent avoir une attitude impatiente, exigeante, ou au contraire très méfiant. Ils ont un rapport au don bien particulier. Dans de nombreux pays, le don n’existe pas. C’est quelque chose qui doit être rendu. Dans le travail social, on explique pas toujours aux personnes accompagnées pourquoi on fait ce travail ni pourquoi on est payé pour faire ça. Dans leur société, ce sont les imams, les grandes dames de famille qui vont avoir un rôle d’aide, un rôle d’écoute. Parfois, il n’y a ni psychologues, ni travailleurs sociaux. C’est pour cette raison qu’ils nous associent à des personnes qui jouent un rôle dans la société assez important, mais qui ne demandent rien en échange. Notre travail n’est pas toujours compris. On nous a beaucoup sensibilisé sur le fait d’expliquer dès le début pourquoi on effectue ce travail, comment ça se passe, par quel biais nous sommes rémunérés, ce qu’on a en échange de cette relation d’aide et surtout comment eux, à leur tour, vont pouvoir contribuer à ce système quand ils travailleront. On a également été sensibilisé sur la transparence, sur notre impuissance sur certains aspects, parler en tant que travailleur social, mais aussi en tant qu’humain. Il faut qu’on puisse aussi savoir expliquer nos limites sur ce qu’on peut ou ne pas faire à notre échelle.

Il y a quelque chose qui m’a à la fois marqué et choqué pendant cette formation. On ne l’a pas encore testé pour le moment, mais on le fera si l’opportunité se présente. L’idée est de sensibiliser le jeune sur sa situation. Par exemple, un soir, un jeune a un excès de colère. Nous pouvons dans un second temps, organiser une rencontre tripartite et échanger en binôme sur la situation et sur ce que l’on a vu sans nous adresser au jeune. Le laissant spectateur de nos échanges. Personnellement, ça m’a vraiment heurté, ça a déconstruit tout ce que je pensais d’humiliant et infantilisant. Il semblerait que cette méthode décharge la personne et évite l’effet « confrontation ».

Est-ce qu’il y a des actions que vous avez pu mettre en pratique depuis la formation ?

Aujourd’hui, j’exprime ce que je vis à travers ce qu’ils me renvoient. J’ai appris à débrider mes émotions et mon ressenti. Il ne faut pas apporter trop de soi pour laisser place à l’autre. Ça peut être utilisé dans le quotidien, quand on a peur ou qu’on se sent mal à l’aise. Il faut oser le dire.

Cette formation était très instructive et le formateur a su s’adapter à nos besoins.

Pour plus d’information sur les formations menées par l’URHAJ Nouvelle-Aquitaine, n’hésitez pas à contacter Jean !

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